Dans la nuit du lundi à mardi passés, une tempête de neige a recouvert d’un manteau ou plus précisément d’un bonnet blanc, Lalla Khedidja (Tamgout), le plus haut sommet du Djurdjura. Les manifestations des éléments naturels en cette période de transition, ont servi depuis toujours d’éléments de base prévisionnels des conditions climatiques pour la saison a venir, des manifestations suivies avec beaucoup d’attention, particulièrement par les agriculteurs, dont les bouleversements climatiques de la fin d’automne servent de…baromètre à l’agriculture, notamment l’oléiculture et la céréaliculture. L’expérience tirée de ces observations des conditions climatiques en cette période est la suivante : quand les premières neiges recouvrent le sommet et descendent jusqu'à la partie boisée de Lala Khadîdja, c’est le signe d’une bonne pluviométrie pour la saison à venir (hiver), donc l’on s’attelle sans hésitations à labourer le maximum de surfaces destinées a la céréaliculture ; les paysans étant rassurés que le rendement sera appréciable et que la récolte d’oléiculture est sauvée. Par contre, quand c’est sur seulement la partie rocheuse, à partir du lieudit «imghouzen», que s’est limitée la première chute de neige, c’est un signe non trompeur, affirment les personnes âgées, annonçant une faible pluviométrie avec les risques d’un rendement médiocre sinon nul, s’agissant de ces deux créneaux de l’agriculture. Si l’on se base sur cette expérience ancestrale, la saison agricole à venir s’annonce sous de bonnes auspices et prometteuse, sachant que cette première chute de neige, bien que fine dénommée en kabyle «iziaker», a touché aussi la partie boisée de Lala Khadîdja jusqu à Thala Rana et idhkhou. Sur un autre volet, cette première tempête de neige, qui annonce un hiver rude, vient à point nommé rappeler aux pouvoirs publics et gestionnaires des communes de haute montagne, qu’il est temps de prendre les dispositions nécessaires pour pallier à toutes les éventualités, de sorte à éviter les mauvaises surprises des années précédentes, durant lesquelles les déclenchements violents des éléments naturels avec d’abondantes chutes de neige, accompagnées de rafales de vents extrêmement violents, on dut faire appel à l’armée, pour secourir de nombreux villages, qui se sont retrouvés complètement isolés, les routes et voies d’accès étant bloquées, en plus des coupures d’électricité, de l’eau et du téléphone, durant plus de trois jours. Un isolement qui s’explique par une absence totale d’un plan d’intervention. Les autorités civiles auxquelles il incombe de faire face à ce genre de situation, se sont jusque-là, contentées d’improviser à la dernière minute, se retrouvant à chaque fois dépassées par l’ampleur de ces manifestations météorologiques qui, sans l’expérience de nos rudes montagnards, auraient pris l’allure de véritables catastrophes naturelles. Comment en serait-il autrement, quand on constate -et à plusieurs reprises- durant ces dernières années que même les services…météorologiques se laissent eux aussi surprendre par des… tempêtes surprises, comme ce fut le cas, l’an dernier, avec un vent d’une rare violence, comparable à un cyclone. Ce dernier n’avait même pas été signalé par un bulletin spécial, ont confirmé tous les responsables locaux concernés dont l’APC, Protection civile, daïra et gendarmerie nationale. Pourtant, sans aller jusqu'à dire que l’Algérie est un pays à haut risque en matière de catastrophes naturelles, il n’est pas pour autant à l’abri, particulièrement dans ces régions montagneuses qui restent exposées aux violentes tempêtes, aux vents, aux abondantes chutes de neige et de pluies diluviennes, engendrant des crues au niveau des dizaines de ravins, aux éboulements et glissements de terrains aussi spectaculaires qu’effrayants. Selon nos informations, aucune commune n’est dotée ne serait-ce que d’un chasse-neige, un engin plus qu’indispensable, utilisé pour pratiquer rapidement des ouvertures et voies d’accès, pour porter secours aux villages en détresse. Pour rappel, durant les phénoménales chutes de neige de 2004, le chef de daïra de M’chedallah a du faire le déplacement sur 7 km, séparant la ville de M’chedallah de celle de Saharidj, à pied et le reste sur un… tracteur agricole, pour s’enquérir de la situation de la population et superviser les secours. Il était accompagné d’éléments de l’ANP et de la gendarmerie nationale. La commune d’Aghbalou, située elle aussi en haute montagne, eut à vivre la même situation d’isolement. Ces deux communes sont les plus exposées à ce genre de risques. Elles doivent en conséquence bénéficier d’un traitement spécial, en les dotant chacune d’un chasse-neige, de tentes et de rations alimentaires en conserve.